Une belle histoire d’amour dans un champ de haine

Elle mérite d’être contée, c’est l'histoire d’un jeune officier français de 24 ans, gravement blessés et d’une jeune biesmoise venue apporter des soins aux malheureux blessés.

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Le 22 août le jeune sous-lieutenant,  Pierre Le Bordais du 25e régiment d’infanterie commande  une section entre Aiseau et Oignies lorsque soudain, ses hommes sont pris dans une violente fusillade. Son cousin Hypolite est fauché à ses côté, quant à lui il est frappé par une balle dans le bras gauche. La blessure est vilaine, en entonnoir. A sa sortie, le projectile a emporté un grosse partie du muscle. Il est transféré à l’hôpital de campagne établi à Biesme au château Toussaint à 8H00 du matin. Là, une jeune fille de 18 ans, Célina Chenut est venue apporter son aide pour secourir les blessés. C’est elle qui s’occupe de soigner du jeune sous-lieutenant Le Bordais ; un ange blanc ! Au milieu de ce monde tragique, entraîné dans la guerre, parmi le chaos des blessés ensanglantés qui arrivent ou d’autres qui agonisent, c’est le coup de foudre : les deux jeunes gens tombent amoureux. Pierre le Bordais doit évacuer à 16H00. Il n’a connu Célina que 8H00 mais la séparation est déchirante : Pierre lui fait la promesse qu’après la guerre, il reviendra pour l’épouser. Il est évacué avec d’autres blessés au départ de la gare d’Oret et se souvient de la célèbre « baraque de bois », un café atypique qui se trouvait à côté de la gare.

Ce témoignage est intéressant, car il nous apprend que les Français utilisèrent le chemin de fer pour évacuer leurs blessés depuis la gare d’Oret. La ligne reliait Pavillon puis la gare de Florennes Est. 

Château Toussaint à Biesme
Gare d'Oret, sur la route de Rouillon 

De retour en France et après 6 mois d’hospitalisation, le sous-Lieutenant normand part pour Verdun. 
Il est de nouveau blessé lors de la défense d’une barricade suite à une attaque allemande. Il sera nommé lieutenant, blessé encore à d’autres reprises, mais une bonne étoile veille sur cet amoureux qui ennuie ses camarades à force de leur parler de sa Célina, son ange blanc. Plus de quatre années de guerre en pensant à cette jeune fille dont il reste éperdument amoureux et avec laquelle il ne peut malheureusement pas échanger quelques courriers!
Après la fin de la guerre, il communique enfin par courrier avec Célina. Dans ses lettres transparaît une inquiétude : sa Célina veut-elle toujours de lui ? Oui bien sûr, elle l’appelle son Pierrot et lui sa Nana
Malheureusement, il doit encore patienter avant de se rendre à Biesme, car le travail de l’armée est considérable : c’est l’heure de faire les comptes, les inventaires, compter et retrouver les morts.

Quelques mois plus tard, il quitte enfin l’armée. Célina Chenut et Pierre Le Bordais se marient en octobre 1919. 
Le couple vivra quelques mois à Paris, mais retournera à Biesme s’installer définitivement, car Célina est nostalgique de son petit village natal. Pierre Lebordais sera cité et décoré plusieurs fois Il recevra la légion d’honneur pour ses états de service en 1927.  

Il sera rappelé lors de la deuxième guerre mondiale. En partant vers le France, il emmène avec lui plusieurs familles de Biesme qui fuient la guerre. Il ira jusqu’en Provence. Lors de la libération, il, rejoint l’armée française en reconstruction et est nommé capitaine.
Après toutes ces années de guerre, Pierre Le Bordais continue sa vie à Biesme. Il trouve un bon emploi à Hainaut-Sambre, comme responsable d’un département administratif. Célina et Pierre auront une belle descendance dont la famille Thiry bien connue dans le village. 
Pierre s’éteint en 1975, Célina, 16 ans plus tard.

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