Alphonse et Eudore Degraux de Mettet

Alphonse Degraux, 55 ans, habitant Mettet est abattu par un allemand ivre le 26 août 1914. Mortellement blessé, il décéde huit jours plus tard.

Le 26 août, jour ou Alphonse Degraux sera mortellement  blessé, Son fils Eudore, 24 ans, est quant à lui victime de coups et mauvais traitements particulièrement inhumains. 

Alphonse Degraux  1859-1914

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Eudore Degraux 1889-1968

Fils  d'Alphonse, en officier de la St Jean de Mettet

L’assassinat d’Alphonse Degraux suivant un rapport envoyé au père Eucher de Maredsous, (A.Ev.N)


​Alphonse Degraux, cultivateur à l’Estroit, 54 ans en 1914. 
Brave homme mais grande frayeur des Allemands. La famille reçoit les envahisseurs dans leur ferme, leur donnant tout ce que ceux-ci demandent.
Le 24 sur ordre de réquisition, il doit conduire à Oret, accompagné de son fils Eudore, des mitrailleuses allemandes à l’aide d’un chariot à 2 chevaux. En revenant, les Boches leur font charger des blessés allemands dans les campagnes de Mettet. A Mettet, ils leur font enterrer des chevaux morts puis transporter des sacs de soldats à Biesmerée. Là, avant de rentrer à Mettet, ils reçoivent un sauf conduit (signé par un chef important ou prince). Ils rentrèrent à l’Estroit à 11H00 du soir.
Le mardi 25, rien de particulier sinon que la famille continue de servir les soldats installés chez eux, consommant pain, beurre, œufs, bière, etc…
Mercredi, la femme Collart avait demandé à Degraux pour pouvoir apporter chez lui une partie de sa farine parce qu’elle avait des soldats chez elle. Degraux voulu se rendre à la maison Collard, située à une centaine de mètres de chez lui, accompagné de sa femme qui tenait à l’accompagner. Il devait être 5H30 ou 6H00 du soir, il faisait encore bien clair. La femme Degraux (Marie Fauville) portait le panier destiné à transporter la farine. Lorsqu’ils entrèrent dans la maison Collart, ils la trouvèrent remplie de soldats, s’excusant, le couple dit qu’il reviendrait plus tard, et laissant là le panier, Mr et Mme Degraux s’en retournèrent. Un des soldats qui portait bottes et éperons, les suivit d’un air furieux, il était ivre : ses yeux, dira la femme Degraux, paraissaient sortir de leurs orbites. Il empoigne Alphonse Degraux, le secoue puis le laisse s’éloigner, la femme de ce malheureux le suivant de quelques pas. Arrivé à quelques mètres de leur maison, l’homme lui tire par derrière, un coup de revolver qui atteint Mr Degraux à la hanche. La victime tombe sur le visage. Le boche s’approche de lui et lui tire encore deux coups de revolver dans le cou. D’épouvante, Mme Degraux se mit à crier en rentrant à la ferme « on a tué papa ». Le boche la suit en la menaçant de ses deux poings.
Mme Degraux fit installer son mari dans la cuisine de la ferme. Elle fit demander un médecin allemand qui mit un pansement superficiel  au cou du blessé, et s’en allant aussitôt, il dit « ce n’est rien, guéri dans trois jours ».
Lorsque l’on déshabilla le pauvre homme, on trouva son dos tout en sang suite à des coups reçu lorsqu’il était sur le sol.
Il mourut neuf jours plus tard. Les Allemands avaient aussi enlevé le sauf conduit qu’il avait reçu à Biesmerée.
Suivant les témoignages de sa femme, son fils Eudore et ses deux filles. 

Maison familiale des Degraux en 1914 à l'Estroit au lieu-dit "Rabooz". Actuellement les bureaux de l'AIEM

Article concernant les actes de torture d’Eudore Degraux suivant le même document


Eudore Degraux, 24 ans en 1914.
Fils d’Alphonse, raconte ce qui suit, confirmé par sa mère, ses sœurs et d’autres habitants de Mettet.
Il avait accompagné son père dans les transports en chariot, expliqué plus haut.
Le mercredi, les Allemands l’accusèrent d’avoir tiré : des soldats arrivèrent chez lui, et tandis qu’il tenait dans ses bras un bébé de 16 mois, l’empoignèrent et le secouèrent si violemment que l’enfant qu’il tenait vomi fortement et devint livide.
Les soldats l’emmenèrent et à plusieurs reprises, le rouèrent de coups de crosse et de coups de pied. Il en eut le dos tout noir pendant plusieurs jours et en gagna une forte hernie, qu’il garde encore actuellement et dont il en souffre encore. Tout en l’accusant d’être un franc-tireur, ils le brutalisèrent sauvagement. Les Allemands étaient occupés à creuser des fosses pour des cadavres et firent aussi un trou afin de l’y mettre après l’avoir tué. Une des religieuses assomptionnistes intervint en sa faveur, et déclarant qu’il était de la Croix-Rouge, on lui mit un brassard, ce qui lui sauva la vie.
Un détail à noter : lorsqu’il se trouva sur la place de Mettet, un officier arriva et entra dans une grande colère car il y avait là un cadavre de cheval non enterré. Il déchargea sa fureur sur Eudore et se mit à le cravacher. Eudore saisit la cravache qui le cinglait et la conserva. L’officier lui laissa cette cravache énorme d’1M25 de long. 

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