Page 1: Mettet à la Belle Epoque

Nos communes à la Belle Epoque:


 

Au début des années 1900, les communes qui aujourd’hui s’inscrivent dans l’entité de Mettet sont rurales et le vocable « terroir » à la mode actuelle, leur convient particulièrement bien. 
Sur le plan économique, les habitants de nos sections vivent en autarcie : le budget le plus important des ménages est consacré à l’alimentation. Chaque village comprend des exploitations agricoles modestes, mais aussi de nombreuses activités indépendantes répondant aux besoins modestes des habitants tout en assurant un revenu à chacun : des épiceries, des estaminets, un boulanger, un boucher, un charron, un forgeron, un maréchal ferrant, un bourrelier, des artisans du bâtiment, un cordonnier, une couturière, etc… A l’époque chaque village compte des artisans et des journaliers. Des ouvriers travaillent dans les nombreuses carrières, dans les petites entreprises et dans le bassin de Charleroi. Des fermes importantes comportent chacune une centaine d’hectares, mais elles sont rares : Propriétés de gens fortunés, elles sont exploitées par des métayers.

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Si les familles arrivent à subvenir à leurs besoins, c’est à la sueur de leur front : l’aisance est relative, car la vie est bien différente d’aujourd’hui. L’existence aisée est assurée par un bon métier du chef de ménage, mais également  par le travail de sa femme et de ses enfants. 
Les familles s’assurent des compléments en entretenant un petit élevage : D’ailleurs, l’expression vendre la vache signifiait que la famille était à la ruine. 
Seul le dimanche est consacré aux loisirs, après la messe bien sûr.
Certaines familles, minoritaires heureusement, des journaliers, des agriculteurs très modestes, des houilleurs travaillant dans le pays de Charleroi, des gens à la santé fragile ou à la vie déséquilibrée vivent quant à eux dans la pauvreté puisqu’il n’existe aucune sécurité sociale.
On compte aussi quelques personnes fortunées, des rentiers, des hommes d’affaires profitant de la vie à la campagne, des gens issus de la noblesse ayant réussi à conserver leur patrimoine. C’est ainsi que notre région s’enorgueillit de nombreux châteaux de construction plus ou moins récente, chacun révélant la fortune de sont propriétaires.
La noblesse, aristocratique et catholique est beaucoup plus active dans la vie quotidienne qu’à l’heure actuelle, elle apporte son savoir intellectuel au bénéfice d’une communauté moins instruite qu’aujourd’hui, elle préside avec le curé à la direction  du village : commune et paroisse étant étroitement liées.
Ces aristocrates apportent régulièrement un soutien financier aux diverses œuvres. On retrouve leurs noms gravés sur de nombreux vitraux, monuments,… 

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Les instances religieuses sont à la base des œuvres de bienfaisance, des premières mutualités. De nombreuses communautés religieuses sont implantées dans les villages ; des sœurs françaises ont été accueillies et sont venues dans nos villages après les événements de 1905* qui les chassèrent de France ; 
Sauf quelques exceptions, la population est croyante et pratiquante. De sa naissance jusqu’à sa mort, le villageois est pris en charge dans ce système paternaliste et malheur à celui qui s’écarte du chemin tracé par lui. 
Quant à l’enseignement, il est dispensé dans des écoles maternelles et primaires, Des sœurs de Pesches assurent l’enseignement des classes maternelles et des filles, l’instituteur enseigne aux garçons. 

 

 

Mettet est déjà une bourgade, on y rencontre des commerces spécialisés des professions libérales : médecins, pharmaciens, notaires,… on y compte des cafés chics et il est bon ton de s’y promener en tenue de ville, chapeau boule ou canotier. Il existe un courant de pensée plus libéral, mais paradoxe, il se crée une boulangerie socialiste !
Mettet est néanmoins freiné dans son développement par deux autres villes voisines : Fosses et Florennes ; chacune chef-lieu de canton au niveau administratif et siège d’un doyenné. 
Le chemin de fer anime nos campagnes depuis la moitié du XIXe siècle, car à l’époque l’exploitation du minerai de fer y était florissante. Toutes ces mines ne furent plus exploitées après 1880 mais grâce à la voie ferrée, les habitants de nos villages peuvent aller travailler dans les zones industrialisées comme Charleroi tandis que des ouvriers et ouvrières du pays de Châtelet viennent chaque jour travailler dans les usines localisées le long du chemin de fer : les faïenceries d’Oret ou Cérabel de Pavillon-Florennes ainsi qu’à la verrerie d’Oret-Morialmé.

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Il est vrai qu’en 1910, la Belgique connaît un développement huit fois plus rapide que dans l’ensemble de l’Europe, avec des industries florissantes exportant dans le monde entier, industries chimiques, glaceries, fabriques de machines dont les plus exportées sont les locomotives des usines Cockerill. 
C’est une époque où la vie communautaire devient intense, des fanfares, des cercles dramatiques sont créés dans de nombreux villages, Les marches d’Entre-Sambre et Meuse sont à la mode.

*Loi de séparation de l’église et de l'État. Cette loi qui entraînera l’expulsion de nombreux religieux, marque une fissure dans l’amitié belgo-française.
 

 

 

 

La mobilisation :


31 juillet. Mobilisation des soldats belges jusqu’au 06 août.
Dès le 1er août, il est difficile de se procurer des denrées alimentaires ainsi que le pain. Quant aux billets de banque, ils ne sont plus acceptés par les commerçants : la guerre se profile à l’horizon, cette monnaie de papier a bien peu de valeur ; il faut payer en or ou en argent. 
Le 30 juillet, la réquisition des chevaux par l’armée belge a déjà commencé. Le 1er août, place de Fosse-la-Ville, sous une forte chaleur, paysans et commerçants livrent leurs chevaux et repartent munis d’un bon de plus ou moins 1.500 francs par cheval. Certains chevaux sont refusés trop vieux ou la robe ne convenant pas. A l’époque, le cheval reste le principal moyen pour transporter l’artillerie, les munitions et le ravitaillement. 

Réquisition des chevaux devant la caserne de Namur.

Un officier vétérinaire observe le pas d'un cheval qui marche devant lui. 

Les chevaux choisis sont identifiés. Les chevaux à la robe claire ou trop voyante sont refusés.

 

L'invasion de la Belgique :


La nuit du 03 au 04 août, les premiers uhlans pénètrent en Belgique et attaquent vers Liège.
La Belgique comptait 2 zones fortifiées, Liège et Namur. Il s’agissait respectivement de 12 et 9 forts ayant pour objectif de ralentir la progression ennemie afin d’assurer la mobilisation des troupes belges. Anvers avait aussi été fortifiée, mais dans le but d’en faire un réduit national.  
Le 05 août, les forts de Liège sont bombardés. Le 16, les garnisons des deux derniers forts de Liège déposent les armes, laminées par des obus de 420 mm pesant 800 kg.
Dès le 06, les avions allemands sillonnent le ciel de nos villages. C’est la première présence angoissante de l’ennemi. 

Août 1914: Fort de Loncin à Lge.

Le Soldat Alphonse Vandersnissen de Graux montant la garde (à gauche).

 

Taube allemand. Dès le 06 août, ils sont repérés dans nos villages qui deviendront "entité de Mettet" 

Le plan Schlieffen était le plan de l’armée allemande afin d’envahir la France. L’idée maîtresse de cette stratégie était de contourner les troupes françaises par le nord en passant par la Belgique et le Luxembourg. Ce plan demandait une grande mobilité de l’aile droite allemande. Cette aile droite qui devait foncer vers l’ouest, prendre Paris et enfin redescendre vers le sud-est afin d’encercler les troupes françaises. 
Le plan Schlieffen impliquait forcément le passage par la Belgique soit par l’obtention d’un droit, soit par la force en violant sa neutralité. 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Schlieffen

 

La garde civique :


Les bourgmestres mobilisent la garde civique. Une garde civique non-active composée des villageois non mobilisés dans l’armée qui doivent effectuer des missions pour seconder la gendarmerie, pour la surveillance  des routes. 
Dès le 4 août, ces hommes patrouillent dans la commune contrôlant les campagnes, les axes routiers et les ponts, car on signale des patrouilles d’uhlans qui sillonnent le pays. Ces gardes civiques protègent particulièrement la ligne vicinale par crainte du sabotage des espions au service des Allemands1. 
Une autre de leurs missions est de rassembler les armes dans les bâtiments de la commune afin de démilitariser la population civile et d’éviter des incidents malheureux. 
A Mettet, à Pontaury et à Maredret, des témoignages font mention de cette garde civique. Les gardes civiques du village patrouillent la nuit. Pour uniforme, un sarrau bleu et pour les identifier un brassard au bras, comme au siècle passé !  Ils sont armés de vieux fusils ou d’un simple bâton. Dans les villes, il existe des gardes civiques actives qui  sont équipées comme couvre-chef, d’un chapeau boule. Ces pseudo-soldats ne font pas très bonne figure, sans expérience et dépourvus de toute formation au métier des armes ainsi qu’en témoigne ce drame sur le territoire d’Oret : 

 

La première victime de la guerre dans l'entité de Mettet est un citoyen de la garde civique à Oret:

Théophile Dupuis, 49 ans est en service de garde civique à Oret, celui-ci est tenu d’empêcher le passage de la route. Il fait nuit et il est posté au Chy-Saux avec un fusil. Une personne qui fuit veut forcer le passage. Malgré les injonctions de notre garde civique…Dans la bousculade Théophile Dupuis s’écroule, blessé par son propre fusil: un accident qui en dit long sur la compétence de ces gardes.

Un médecin tente de l'opérer mais il décéde pendant l'intervention. Sa mort est datée du 12 août. Théophile Dupuis est la première victime de l'entité de Mettet.

 

Ces civils qui n’avaient qu’un rôle de surveillance ne serviront pas longtemps, car dès l’approche de l’armée allemande, ils seront renvoyés dans leur foyer. Il faut savoir que ces hommes armés risquaient de se faire fusiller par l’armée allemande, qui les considérait comme des francs-tireurs non soumis aux lois de la guerre régies par la Convention de La Haye de 1899.

1 : En effet il a existé des projets français et allemands de sabotage des lignes de chemin de fer afin de perturber la mobilisation
Les premières troupes françaises dans nos villages,
L’approche des Allemands et l’exode des populations :

La garde civique non active dans un village belge. L'homme à droite porte un sabre briquet de l'armée napoléonienne. Article de la Gazette de Charleroi, vendredi 07 août 1914.

 

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